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Le Mahâbhârata, depuis des temps immémoriaux, est un riche réservoir de mythes qui restent pertinents, quel que soit le contexte temporel et spatial. En tant que phare, le Mahâbhârata a inspiré d’innombrables générations à faire face à leurs traumatismes respectifs. Le grand roman indien de Shashi Tharoor, publié en 1989 et écrit dans le contexte d’une période pleine de bouleversements politiques, est un récit enchanteur des ambitions et des aspirations personnelles, et des frustrations qui en résultent, agrémenté de satire. À l’aide de certains des mythes populaires du Mahâbhârata, le roman tisse des histoires liées à l’« histoire » de l’Inde postcoloniale avec des personnages et des événements réels. Les personnages de l’histoire de l’Inde sont habilement transformés en personnages mythologiques, et l’histoire mythologique de l’épopée est racontée comme une histoire de l’Inde, de sorte que l’histoire et les mythes se mêlent l’un à l’autre. Il s’agit donc d’un effort conscient de la part de l’écrivain pour faire se croiser ces deux choses qui semblent dissemblables. En racontant la lutte indienne pour la liberté et les événements de l’après-urgence, le romancier dirige sa satire hilarante autant contre les hommes d’État indiens que contre la tyrannique couronne britannique. Cet article explore la manière dont le grand roman indien de Shashi Tharoor (1989) réécrit le récit mythologique du Mahâbhârata tout en se moquant et en subvertissant ses conventions épiques afin de construire une historiographie de l’État-nation indien où se mêlent mythe et histoire, faits et fiction, satire et pathos, politique et spiritualité. Le roman juxtapose le temps mythique de l’épopée avec les événements historiques de la lutte pour la liberté en Inde et le scénario postindépendance. Comme Le grand roman indien s’inspire du Mahâbhârataa, une épopée classique qui offre un vaste terrain de réflexion critique, nous nous concentrerons dans cet article sur la manière dont la convention littéraire de l’épopée permet à Tharoor de proposer une critique de l’appareil d’État. Cette critique prend tout son sens dans le contexte de l’État-nation indien tel qu’il a émergé après l’indépendance, où les structures de pouvoir sont constamment construites et contestées, utilisées et abusées. |
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